Lorsque Candice a créé Neuvième Ciel, elle n'avait qu'une idée en tête : sortir une ligne de vêtements de grossesse classe, made in France et à prix abordable. Neuvième Ciel a été lancé en septembre 2017 et a pris une belle ampleur en seulement quelques mois. Candice revient aujourd'hui sur son expérience de Maman Entrepreneur...
Interview de Candice, la créatrice de Neuvième Ciel
Entre son fils Hugo, son mari et sa petite entreprise, Candice vit complètement ce que dont je parle dans mon article sur le fait de travailler à la maison. À savoir établir son statut de professionnelle au sein de sa tribu.
Candice, la femme, la mère et l'épouse
Quelle place donnes-tu à ta famille dans cette aventure ?
C'est pour moi ma priorité. Je n'aurais pas pu faire cette aventure sans mon mari et mon fils. Ils ont impulsé cette envie de me lancer.
Ils ont cru en moi dès le début. Ils m'ont dit que j'étais une entrepreneuse dans l'âme et une battante. Que j'y arriverais et que surtout je m'épanouirais beaucoup plus que dans des métiers de bureau.
Aujourd’hui, Neuvième Ciel est ses débuts me procure beaucoup de joie mais je n’oublie pas que ma famille est un pilier et c’est elle qui me rend heureuse avant tout. Il faut donc la préserver.
Du coup, lorsque je me rends compte que je ne passe pas assez de temps avec mon mari ou mon fils, je réserve un week-end à la campagne. Soit on part tous les trois, soit je confie Hugo à ses grands-parents pour partir en amoureux.
C'est le seul moyen pour moi de réellement déconnecter de Neuvième Ciel. Sinon, à Paris, je travaille tout le temps, je ne m'arrête jamais. Je trouve toujours le moyen de faire quelque chose pour m'avancer dans mon travail. Envoyer un colis, écrire un petit mot, repasser un vêtement, répondre aux mails des clientes...
En tout cas, j'essaye de ne pas me faire dépasser par la boîte. Dès que je sens que ça prend trop le dessus, je m'arrête. Je me mets des objectifs un peu moins élevés. Pour profiter de ce qui compte le plus pour moi : mon mari et mon fils.
Candice la Mampreneur qui a monté Neuvième Ciel à la force des bras
Lors de l'interview d'Anne-Laure Troublé, la créatrice du magazine Bubble Mag, celle-ci nous disait que souvent, la maternité nous insufflait cette envie de créer. Est-ce ton cas ?
Oui absolument. L'idée de monter ma boîte est venue pendant ma grossesse. J'ai vécu ma grossesse comme neuf mois de bonheur. D'où le nom de Neuvième Ciel, en référence au fait d'atteindre le septième ciel et un bonheur intense.
J'ai trouvé ça tellement fort que je ne me voyais pas revenir à un métier dans une entreprise où j'ai peu d'impact. Où ma créativité est limitée et où je ne suis pas épanouie.
J'ai eu envie de monter à Hugo que sa maman a suivi ses rêves, qu'elle a créé quelque chose d'elle même. J'avais envie de lui transmettre cette envie de s'épanouir et de s'accomplir dans sa vie pro et perso.
As-tu reçu de l'aide au moment de monter ta boîte ?
J'ai eu la chance de recevoir de l'aide de personnes au grand cœur. Comme cette amie modéliste qui m'a proposé spontanément de dessiner ma première collection.
Après, en voyant de beaux exemples autour de moi, je n'ai pas hésité à demander des conseils sur la façon dont ils avaient réussi. J'ai ainsi reçu pas mal de tips.
Enfin, j'ai fédéré des fournisseurs parisiens autour de mon projet, ce qui n'était pas gagné. Au début, quand tu te pointes sans site internet en disant que tu veux produire quelques pièces par modèle, 4 personnes sur 5 te ferment la porte au nez.
Neuvième Ciel, des vêtements de grossesse élégants et abordables
Raconte-nous tes collections de leur naissance à leur production...
Au départ, je dessine mes idées sous forme de croquis. Comme je peux car je ne suis pas une experte. Ensuite, j'ai une modéliste qui me fait le patronage à partir de ce dessin. Du coup c'est important d'avoir une bonne relation avec elle car il faut bien qu'elle comprenne ce que je veux, sachant que je n'ai pas tous les termes.
Une fois que le patronage est fait, je le fais grader en plusieurs tailles. Je fais un prototype et un essayage sur femme enceinte. Et puis ensuite on lance la production chez un façonnier qui me monte tout ça.
Tout se fait à Paris. C'est plus pratique ?
Alors j'ai toujours pensé que le made in France est important car on a un savoir-faire. Ça me tenait à cœur de faire marcher l'industrie textile française.
Et en plus, quand tu débutes, si tu as besoin de faire 40 pièces rapidement c'est super pratique. Tu vas acheter ton tissu dans la journée, c'est coupé dans les 2 jours et c'est monté dans les 2 semaines qui suivent... Ce serait au Portugal j'en aurais pour 2 ou 3 mois...
Quelle est la politique de prix par rapport à la concurrence ?
Et bien par exemple, là, je sors une magnifique robe d'allaitement avec des tissus incroyables et fabriquée en France à seulement 99€. Alors que sur les sites, la plupart des robes d'allaitement vont de 120€ à 170€ en moyenne et sont fabriquées en Chine.
Ce que je fais c'est que j'essaye de réduire mes coûts de développement en faisant moins de modèles en plusieurs couleurs. Dans certains cas, j'accepte de réduire ma marge en me disant que dans deux ans j'en produirais dix fois plus et qu'à ce moment-là je baisserai mon prix de revient.
Je choisis volontairement de ne pas trop marger effectivement sur un produit afin de ne pas être excessive et de proposer des vêtements français, de bonne qualité et accessibles. Je peux me permettre car je vends en direct sur mon site, sans intermédiaires. Ensuite, il faut tout de même que je puisse en vivre, mes produits sont donc vendus à un prix supérieur à ceux de H&M. Mon positionnement qualité / prix semble beaucoup plaire à ma clientèle actuellement.
Est-ce qu'on peut parler de succès au bout de 8 mois ?
Pour moi, on pourra parler de succès quand j’aurai une équipe, que je ferai vivre, que nous aurons un bureau agréable. Que nous aurons un esprit de start up motivant et qui rend mes équipes heureuses. Et que Neuvième Ciel sera reconnu dans le monde entier comme la marque française de référence pour femmes enceintes élégantes.
Maintenant, oui, par rapport à ce que j'espérais, c'est un petit succès sur plusieurs points :
- ma visibilité sur Instagram avec plus de 5800 followers en 8 mois sur mon compte @neuviemeciel alors que je n'y connaissais rien
- des ventes régulières chaque jour
- La Redoute qui a décidé de me distribuer sur leur site dans leur programme "prêt à décoller, seulement 3 semaines après le lancement
- quatre présentatrices télé, Maya Lauque, Isabelle Ithurburu, Géraldine Weber et Karine Ferri ont portés mes vêtements à l'écran
- plusieurs propositions de partenariats ou de distribution reçues
- des blogueurs et journalistes qui ont fait un article sur Neuvième Ciel
- Neuvième Ciel a été sélectionnée parmi les 16 finalistes du Prix des Jeunes Créateurs de Commerce organisé par Unibail pour remporter une boutique pendant un an dans le centre commercial de mon choix en France. Nous étions 200 à concourir et je suis déjà très fière d’avoir été retenue parmi les 16 finalistes !
Mon petit succès aussi, c'est de devoir faire des réassorts suite à des ruptures de stock. Comme par exemple sur le top Cancale qui a cartonné, la salopette Lemercier ou la robe Bohème. Ça c'était inespéré.
Et enfin, quelque chose d’incroyable qui vient de m’arriver : vendre ma première robe d’allaitement, le modèle Lucie, avant même qu’elle soit sortie en envoyant des photos non professionnelles du modèle avec mon Iphone à mes clientes impatientes sur instagram. Résultat, quand je l’ai mise en ligne, je n’en avais plus en stock pour mes clientes.
Quel avenir pour Neuvième Ciel ? Après un partenariat avec la Redoute, distribution en magasins ?
J'ai déjà commencé la distribution en magasin. Et il y a peu, un gros magasin spécialisé dans la maternité, avec trois boutiques sur Paris m'a commandé 300 pièces. Et je n'ai même pas encore fait de salons professionnels.
Donc oui, je compte me faire distribuer dans des boutiques spécialisées dans la maternité mais très sélectives. Je ne veux pas me retrouver n'importe où et faire du volume pour faire du volume. Je veux maintenir une image de qualité tout en gardant une bonne relation avec les gens avec qui je travaille.
Est-ce que l'ancienne conseillère en stratégie marketing et commerciale que tu étais aurait un conseil à donner aux femmes qui aimeraient se lancer dans l'entreprenariat ?
Tout d'abord, le conseil que je donnerais c'est de bien définir sa cible, son marché et son potentiel. Dans mon cas, c'est la femme enceinte qui a envie de se faire plaisir et d'être élégante et coquette, même pendant sa grossesse. Je me suis donc demandée quelle part de marché je pourrais obtenir sur 800.000 femmes enceintes et si avec ça je pouvais en vivre...
Ensuite, je conseillerais de vraiment bénéficier de la visibilité que nous offre les réseaux sociaux aujourd'hui en communiquant avec ses clients.
Après, le dernier conseil que je donnerais c'est : Lancez-vous !!!! Pour ne pas perdre en motivation et en crédibilité.
Merci Candice ! Je sens que ton entreprise va faire fureur auprès des femmes enceintes. J'aurais aimé te connaître du temps de mes grossesses, c'est sûr, j'aurais craqué !!! Longue vie à Neuvième Ciel !